Une entreprise peut-elle se montrer résiliente ? Et qu’en est-il d’un individu, dans ses relations avec sa famille, l’école ou l’État ? Troisième partie de notre entretien exclusif avec le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, en amont du forum Sécurité et résilience organisé par We Demain.
Le neuropsychiatre, directeur d’enseignement à l’université de Toulon, a accepté d’être le grand témoin du premier forum We Demain consacré à la sécurité et la résilience. Comment réagir face aux nouveaux défis de sécurité posés par le terrorisme ou la révolution numérique ? Boris Cyrulnik livre sa recette de la résilience, afin de ne pas céder aux idéologies sécuritaires et simplistes. Il dépeint la résilience comme une attitude humaniste, un rempart à l’escalade de la violence.
La réaction résiliente à un acte violent, selon le chercheur, repose sur la capacité à s’adapter et à se reconstruire. Elle interroge les transactions entre le citoyen, les entreprises et les pouvoirs publics. Quid de la révolution numérique ? Est-elle facilitatrice de résilience ou, au contraire, un outil au service d’un pouvoir totalitaire ? Pour aborder ces enjeux majeurs en amont du forum We Demain, Boris Cyrulnik nous a accordé un riche entretien que nous vous proposons en quatre parties.
Après avoir défini les notions de résilience et de sécurité et établi les différences entre une culture de sécurité et une politique sécuritaire, Boris Cyrulnik revient avec nous sur les échanges permanents entre l’individu et les différentes formes de collectivités qui l’entourent : famille, école, entreprise, État… Pour chacune de ces structures existent des facteurs de protection, en amont des traumatismes : par exemple la fonction maternelle dans la cellule familiale, ou l’aptitude à parler au sein d’une entreprise.
De la même façon, il existe aussi des facteurs de résilience qui s’exercent après le traumatisme. Par exemple, dans une société, donner la parole aux romanciers, aux journalistes, aux prêtres, à ceux qui nous permettent de comprendre ce qui nous est arrivé, de comprendre que le traumatisme fait partie de la condition humaine. Ce que permet justement la démocratie.